Transformer notre culpabilité en élan de vie 

En ce moment, je ressens régulièrement de la culpabilité. Je me sens coupable de rester sans voix devant l’actualité mondiale. Je me sens coupable de ne pas agir suffisamment au service de ceux qui souffrent. Je me sens coupable de choisir parfois de détourner le regard d’informations douloureuses. Je me sens coupable de ne pas en faire assez pour les autres et pour notre planète.

La culpabilité fait partie de ce que Marshall Rosenberg, le créateur de la Communication Nonviolente nomme les « émotions sonnettes d’alarme ». Sonnette d’alarme car elle m’indique que je suis davantage en lien avec mes jugements qu’avec mes besoins. Et si je ne prends pas le temps pour écouter ce qui se joue en moi à travers cette culpabilité, les jugements intériorisés, répétés, martelés sont un chemin glissant vers la honte, le rejet de soi, l’autodestruction.

« La culpabilité et la honte sont une forme de haine de soi et les actes qui en résulte, ne sont ni libres, ni joyeux. Même si nous avons l’intention de nous comporter avec plus de gentillesse, si l’autre sent que nos actions sont motivées par la honte ou la culpabilité, il sera moins enclin à apprécier ce que nous faisons que si nous sommes animés uniquement par le désir humain de contribuer à la vie ».

Écouter et transformer notre culpabilité, c’est nous offrir l’opportunité de nous rassembler intérieurement pour contribuer depuis un espace de joie et de paix.

Quand je me sens coupable, je juge mes actes. Ou plutôt une part de moi (qu’on pourrait nommer l’éducateur) est en train de chercher à éduquer à coup de jugements la part de moi qui a agi (que l’on pourrait appeler l’agisseur).

Pour transformer ce conflit interne, je vais donner de l’écoute à chacune de mes parts.

D’abord à mon éducateur, celle qui juge mes actes. Je vais aller me relier à ses besoins, à ses aspirations précieuses. Derrière ses mots jugeants, à quoi rêve-t-elle cette part ? Souvent c’est une part de moi qui a de grandes aspirations, d’intenses idéaux, et ses jugements sur mes actes (ou ceux d’autrui) sont à la hauteur de combien ses aspirations sont précieuses.

Et puis, je vais aussi donner mon écoute à mon agisseur, ce bout de moi qui a fait quelque chose qui a déplu à mon éducateur. Quels besoins tentait-elle de satisfaire en faisant ce qu’elle a fait ?

Une fois qu’elles ont été entendues, mes parties peuvent plus facilement se remettre à fonctionner ensemble.

En tenant compte de l’ensemble de mes besoins, je vais davantage pouvoir m’ouvrir à d’autres choix qui prennent davantage en compte l’ensemble de ce qui se vit en moi. Et depuis ce lieu de rassemblement interne, je vais davantage pouvoir être une contribution pour l’autre ET pour moi. Je serai ainsi plus solide, plus aligné dans mes choix car ils feront sens pour tout mon être.

Ce post, c’est une des actions que j’ai choisies pour contribuer à la paix, après avoir écouté mes parts en conflit interne. Je suis consciente que cette petite action ne sauvera pas une vie . Ne fera pas changer d’avis quelqu’un sur le point de poser une bombe. Elle ne fera pas ouvrir les yeux d’un gouvernement. Mais si elle contribue à apporter un peu plus de paix dans la vie de quelqu’un, et que cette paix interne l’aide à agir au service de la Vie et de notre interdépendance, comme dans le conte du colibri, j’aurai apporté ma petite goutte d’eau au-dessus de l’incendie.

Léti

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