Le double piège des images d’ennemis

Le double piège des images d'ennemis
LE DOUBLE PIÈGE DES IMAGES D’ENNEMI

Chaque fois que j’étiquette untel, que je me fais juge de ce qu’il est, que j’analyse ou que je porte un diagnostic sur un autre, je crée une « image d’ennemi ». J’ai pu percevoir récemment à quel point croire mes jugements sur quelqu’un, conditionne toutes les perceptions que j’ai de cette même personne.

Ike Lasaster (dans son Guide de Communication Nonviolente à l’usage des dirigeants et de leurs collaborateurs) explique que les images d’ennemi créent deux problèmes majeurs : 
–> Elles déshumanisent la personne 
-> Elles créent exactement ce que je cherche à éviter. 

Étiqueter quelqu’un de manière statique c’est restreindre le plein potentiel de son humanité et c’est conditionner en la limitant, la manière dont nous nous comportons avec lui.  

« Vous obtenez ce que vous voyez »

Marshall Rosenberg résume en disant : « Vous obtenez ce que vous voyez ». Lorsqu’un jugement devient croyance, notre esprit se met à filtrer les informations disponibles de manière à conforter cette croyance. Cette croyance détermine le spectre de nos perceptions et se transforme en mécanisme de renforcement. Nous percevons uniquement ce que nous croyons.

Avoir des images d’ennemi sur quelqu’un, est pour moi le signe que je ne suis plus en lien avec l’autre mais en lien avec mes pensées à propos de ce que je vis. Quand j’en prends conscience, un grand pas est déjà fait. Je suis un tout petit peu moins « collée » à mes croyances.

L’intention de ce partage n’est donc pas de se juger d’avoir des jugements sur autrui, mais davantage de prendre conscience des images d’ennemis que l’on entretient et de voir les conséquences que ça entraine sur soi et sur nos perceptions de l’autre.

Une fois que j’ai pris conscience des images d’ennemi que j’entretiens et de leurs conséquences, je peux choisir de mettre mon énergie à un endroit davantage soutenant et pacifiant : J’enfile mes oreilles girafes tournées vers l’intérieur et je vais aller écouter de quels besoins précieux pour moi mes images d’ennemis sont la voix.

Qu’est ce qui se vit en moi en présence de cet être ? Qu’est-ce que j’aimerais vivre et que je ne vis pas ? Quel petit pas je peux faire pour prendre soin de mes besoins et aller davantage vers ce que j’aspire à vivre ?

Si ce partage résonne pour vous, je vous invite à aller observer quelles images d’ennemis se construisent en vous en ce moment ? 
Et une fois identifiées, à les traduire en besoins et en aspirations au service de la Vie. 

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Selena

Sur ce petit moment gical, je te remercie encore pour tes images, Laeticia. Elles me consolent de tout ça.

Selena

J’ai une image d’ennemi qui fait écran .. à mes besoins de sens, de paix et de contribuer. J’ai une image de gros babars de la communication qui oeuvrent à effrayer les gens avec ce qu’ils ont compris via leur pratique du biopouvoir (cf: Foucault/Deleuze) depuis les années 70, et qui oeuvrent chaquejour un peu plus à contribuer à de la désinformation sur tous les sujets et à pousser les gens dans des oppositions binaires qui n’ont de sens ni d’autre but que de générer un peu plus de défiance dans le monde et de les éloigner un peu plus les uns des autres, pour les rapprocher toujours plus des dispositifs qui gouvernent leurs vies et leurs comportements, et qui viennent faire littéralement « écran » au réel. J’ai envie de contribuer à de la paix et de la clarté, car cela fait sens pour moi. Alors je me garde d’exprimer mes peurs tant que je le peux et n’allume l’ordi que pour consulter ce qui contribue à nourrir les aspirations qui sont vivantes en moi. Mais quand je perçois, dans ce que je n’ai pas pu éviter de lire, qui conforte mes peurs, que les médias vont jusqu’à récupérer des mots comme « woke » pour créer une nouvelle catégorie stigmatisante et nourrir l’éternel acharnement des bons ceci contre les méchants cela, et inversement, une part de moi se sens decouragée. J’observe que l’on échange moins dans le réel à mesure que l’on est rassurés par l’illusion des échanges via internet, parce que l’on a peur d’être accablé.es sous le poids des opinions des autres « in real » et qu’il semble plus confortable de ne pas se rencontrer. J’observe que l’on ignore plus ou moins tous.tes les effets occasionnés par les multiples dispositifs qui peuplent nos vies, gouvernent nos corps et remplacent nos rencontres. J’observe que les générations récentes qui, nourris d’informations toutes plus contradictoires les unes que les autres, aimeraient croire que l’égalité et la paix sont déjà là, non seulement ne sont pas soutenues dans leur élan, mais en plus, se voient confortés dans un positivisme outrancier que l’on taxe désormais de « wokisme » (dans le monde francophone, car la méconnaissance de l’origine de ce mot permet de créer une nouvelle étiquette que l’on peut désormais leur coller) tout en postulant dans la plus improbable absurdité généralisée : « les « wokistes » veulent annuler des épisodes tragiques de l’histoire passé .. devont nous annuler les wokistes? » Voilà, j’ai lu ça, et j’ai une image d’ennemi impalpable (puisqu’au fond, il n’y en a pas. Ce ne sont que des mots) Et derrière ces mots, des millions de personnes qui aimeraient tellement comprendre ce qui se passe et se sentent perdues. Et n’osent plus se voir ou se parler, par peur de se blesser les uns les autres. Bref, mon ennemi est un écran !!!! ah ah ah.

Muriel

Bonjour,
Je tenais à vous remercier pour votre initiative.
Je suis Auxiliaire de Puériculture et future Doula.
Je suis tellement heureuse d avoir pu enfin trouver des cartes illustrées afin d accompagner les parents et les enfants lors de mes cercles de femmes ou parents/enfants.
Merci à vous.