Comment augmenter nos chances d’être entendu ?

Je suis souvent sidérée de voir comment un même message peut être perçu de manières tellement différentes selon les gens. Je me sens aussi souvent dépitée en voyant toute l’énergie dépensée à s’énerver contre « ceux qui avaient qu’à mieux s’exprimer », contre « ceux qui entendent les choses de travers », contre « ceux qui n’ont rien compris », contre « ceux qui … »

Mon expérience, c’est qu’entre le message que quelqu’un émet et le message que je reçois il y a tout un tas de filtres en moi qui classent, jugent, simplifient, déforment, bref, interprètent le message en fonction de mes conditionnements, de mes blessures de rejet, de mon état émotionnel et de mes besoins du moment. Bref, mille possibilités que je passe complètement à coté de ce que l’autre voulait me dire.

Dès lors que je suis consciente que tous les messages m’arrivent filtrés, j’aime bien vérifier si ce que j’ai reçu comme message est réellement ce que la personne a voulu me dire.

De la même manière, quand je m’exprime, vu que mon message sera reçu via les filtres de l’autre, j’aime bien vérifier ce qui a été entendu.

Après m’être exprimé, je peux ainsi demander à l’autre de reformuler ce qu’il m’a entendu dire. Non pas pour le contrôler ou juger son écoute, mais pour entendre comment le message est arrivé jusqu’à lui et éviter les malentendus.

Les « mal-entendus »

Thomas d’Ansembourg, dit parfois que derrière les « mal-entendus » il y a aussi des « mal-exprimés. « « mal » voulant dire pour moi « maladroitement » exprimé.

Un message qui me semble limpide dans ma tête, ne l’est parfois pas du tout en sortant de ma bouche pour quelqu’un ,qui, justement n’est pas dans ma tête et n’a pas pu voir le cheminement que mon cerveau a fait pour arriver au message.

Longtemps, un de mes freins à demander des reformulations ou en a en faire a été la crainte de recevoir des réactions irritées d’incompréhension du style « oh, arrête avec tes trucs de psy » ou « c’est bon j’ai compris je te dis… ».

La clé qui m’a permis de transformer cette crainte de ne pas être comprise, c’est de verbaliser mon intention quand je demande ou fait une réformation : par exemple « je me sens un peu confuse dans mes propos, tu pourrais me dire ce que tu as entendu voir si c’est clair ?

Ou bien, quand c’est moi qui choisis de reformuler l’autre : « j’aimerais être sure de bien te suivre , tu serais ok que je te dise ce que j’ai compris ? Il s’agit de juste rendre visible que cette demande est au service de plus d’écoute, de compréhension pour chacun et que l’autre reste libre de dire non.

D’ailleurs, avec le recul, je me suis rendu compte que notre soif d’être entendu et compris nous faisait aussi faire des demandes de reformulation dans nos discussions sans nous en apercevoir.

Chaque fois que quelqu’un ponctue ses phrases par « enfin tu vois ce que je veux dire ? » « tu comprends» C’est clair ? « tu vois » … j’’entends pour ma part des demandes de reformulation implicites.

Des invitations à vérifier si je suis vraiment avec elle, si je comprends ce qu’elle vit et son cheminement intérieur. Et plutôt que de répondre un « oui, je comprends ou oui je vois tout à fait » je préfère reformuler ce que j’ai compris, ce qui permet à l’autre d’ajuster, de compléter, de descendre plus profondément dans son expression. Et moi, cela me permet de revenir vraiment ici et maintenant avec ce qui compte pour elle au delà de mes interprétations.

Demander une reformulation c’est donc pour moi un moyen concret d’apporter plus d’écoute dans une relation car cela permet de ralentir un échange, de revenir à l’instant présent et de nous offrir à chacun plus de présence, plus de compréhension et donc plus de lien !

Et vous, pratiquez vous les reformulations et les demandes de reformulations ?

Découvrez également mon article : Écouter vraiment dans la Girafothèque.

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